Panneaux de communes en version normande

Le panneau d’entrée de ville de Brionne ©La Fabrique de patrimoines en Normandie

La Région Normandie a proposé à toutes les communes d’indiquer la version normande de leur nom, quand elle existe, sur les panneaux d’entrée et de sortie de ville. Un groupe de travail a été constitué au sein du Conseil Scientifique et Culturel (CSC) pour mener ce projet.

Les préconisations du groupe de travail s’appuient sur une démarche scientifique et visent à rendre visible sur les panneaux routiers une forme locale des noms de communes, attestée par des mentions écrites et/ou des témoignages oraux. Il ne s’agit donc pas d’une traduction des noms de communes, mais du choix d’une variante régionale du nom officiel (défini par le Code officiel géographique établi par l’INSEE depuis 1943). Il ne s’agit pas non plus de restituer une forme historique ancienne, par exemple le nom en usage au XIe siècle, ni de reconstituer l’étymologie du toponyme (elle fait partie du processus d’analyse, mais elle n’en représente pas la finalité). Le principe essentiel est de permettre l’émergence d’une forme orale encore en usage localement durant les cent dernières années en parallèle à la forme officielle, puis de la pérenniser en l’affichant et en favorisant son emploi.

Des recherches historiques et linguistiques

Le premier travail consiste en des recherches historiques qui ont pour but de rassembler le plus grand nombre possible d’attestations anciennes du nom de commune, relevées dans des chartes, des documents diplomatiques, des cartes géographiques, des textes littéraires, des textes dialectaux, des documents officiels… Les mentions sont complétées par la datation du document dans lequel elles ont été relevées, ainsi que par une référence bibliographique. Cette première phase fait appel aux compétences des archivistes et des historiens, qui complètent ainsi les données déjà connues des linguistes.

La seconde phase correspond à des recherches linguistiques : à partir des attestations compilées précédemment, les linguistes étudient les étymologies envisagées pour les noms de communes, puis ils les confrontent à une analyse de phonétique historique. Ils sont ainsi en mesure d’expliquer l’évolution de la prononciation des noms de communes depuis les premières mentions historiques jusqu’à aujourd’hui, qu’il s’agisse de la forme officielle, standard, ou des formes régionales. Les préconisations qu’ils font ensuite aux conseils municipaux s’appuient sur ce travail de reconstitution. Trois cas de figure se présentent en général : il n’existe pas de version dialectale possible, le nom de commune ne comportant pas de phénomènes phonétiques régionaux ou bien ceux-ci n’étant pas attestés ; une ou plusieurs versions dialectales sont possibles ; le nom actuel est déjà dialectal.

Le panneau d’entrée de ville de Thérouldeville ©La Fabrique de patrimoines en Normandie