Les parlers normands

Les parlers normands sont historiquement une variété régionale de la langue française, ils constituent l’un des dialectes d’oïl. Ils sont phonétiquement à la croisée de deux grands domaines linguistiques : le Nord-Ouest des dialectes d’oïl, autrefois appelé domaine normano-picard, qui s’étend jusqu’à l’actuelle Belgique ; le Grand Ouest, qui couvre toute la façade atlantique jusqu’à l’estuaire de la Gironde.

Sur le plan de la morphologie et de la syntaxe, ils conservent certains archaïsmes, attestés selon les cas de l’ancien français au français classique, communs autrefois à l’ensemble de la langue française ou purement dialectaux. Le lexique se distingue de celui du français standard par un apport unique en France : les termes d’origine scandinave. Cet héritage particulier se retrouve aussi dans l’onomastique (les noms propres) normande. C’est un marqueur de l’identité de la région Normandie et de son originalité.

État des lieux

Il n’existe aucun état des lieux récent sur la pratique des parlers normands. La seule source officielle est le recensement de l’INSEE de 1999 (enquête Famille de l’INED). Ce recensement a permis de reconnaître la réalité de la pratique vivante des langues régionales et, plus généralement, du plurilinguisme en France. Selon ces résultats, les langues régionales les plus parlées en France étaient :

  • l’occitan (1 670 000 locuteurs, dont 610 000 locuteurs réguliers) ;
  • les langues d’oïl (1 420 000 locuteurs, dont 570 000 locuteurs habituels) ;
  • l’alsacien (900 000 locuteurs, dont 660 000 locuteurs habituels) ;
  • le breton (680 000 locuteurs, dont 280 000 locuteurs habituels).

Les enquêtes dialectologiques menées dans un cadre universitaire ces dernières décennies attestent toutes d’une pratique en très forte baisse. Ainsi, l’UNESCO classe les parlers normands parmi les langues « sérieusement en danger ». Le français régional de Normandie demeure pour sa part bien vivant.

Langues d’oïl

Les parlers normands font partie des « langues d’oïl » depuis le rapport sur les langues de France remis par Bernard Cerquiglini, Directeur de l’Institut national de la langue française (C.N.R.S.), au Ministre de l’Éducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie et à la Ministre de la Culture et de la Communication en avril 1999.

« Il en résulte que l’on tiendra pour seuls « dialectes » au sens de la Charte, et donc exclus, les « français régionaux », c’est-à-dire l’infini variété des façons de parler cette langue (prononciation, vocabulaire, etc.) en chaque point du territoire. Il en découle également que l’écart n’a cessé de se creuser entre le français et les variétés de la langue d’oïl, que l’on ne saurait considérer aujourd’hui comme des « dialectes du français » ; franc-comtois, wallon, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais, bourguignon-morvandiau, lorrain doivent être retenus parmi les langues régionales de la France ; on les qualifiera dès lors de « langues d’oïl », en les rangeant dans la liste. » (Cerquiglini Bernard, Les langues de la France. Rapport au ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, et à la ministre de la Culture et de la Communication, p. 5).

Langues régionales

Ces termes sont repris par le Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne en juillet 2013 : Redéfinir une politique publique en faveur des langues régionales et de la pluralité linguistique interne.

Cependant, la loi n° 2021-641 du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, qui conforte l’enseignement des langues régionales tout au long du parcours scolaire de l’élève, dans le premier et le second degré, et qui précise que « la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées sur tout ou partie des territoires concernés, dans le but de proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves. », ne reconnaît pas aux parlers normands le statut de langue régionale : « Cet enseignement s’applique au basque, au breton, au catalan, au corse, au créole, au gallo, à l’occitan-langue d’oc, aux langues régionales d’Alsace, aux langues régionales des pays mosellans, au francoprovençal, au flamand occidental, au picard, au tahitien, aux langues mélanésiennes (drehu, nengone, paicî, ajië), au wallisien, au futunien, au kibushi et au shimaoré. »

Cette disposition a été rappelée par une circulaire dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports le 14 décembre 2021.